Combien de fois n’a-t-on pas rencontré ce mot paré de toutes les vertus depuis l’explosion des subprimes et le déclenchement de cette crise financière sans précédent ? En effet, pour dénoncer l’opacité des systèmes financiers en vigueur au moment de la crise, les bons esprits s’accordent à dire qu’il aurait fallu plus de transparence, voire une transparence totale.

Cela signifierait donc, si j’en crois l’acception générale du mot et du concept, qu’il ne faudrait aucun obstacle, aucun filtre, entre l’investisseur et le financier monteur des opérations afin que le premier puisse avoir une vue totale complète et sans fard de la réalité que concocte le second. Mécaniquement cela paraît parfait. Mais cela est largement insuffisant, et de loin !

Si la transparence consiste à exposer sans arrangement ni disposition particulière la totalité des faits, évènements et manipulations, alors elle me parait être la meilleure des censures et la voie ouverte aux plus vastes mystifications. En effet, la transparence signifierait l’absence d’explications ou de présentation organisée fournit par un intermédiaire pour faciliter la compréhension des choses, comme une sorte de traducteur faisant le pont entre la technique brute et l’investisseur lui cherchant une utilité. Chacun sait que trop d’informations tue l’information. Il ne convient pas, de plus, d’ouvrir la voie à une posture parfaitement hypocrite permettant à celui qui a délivré toute l’information,à l’état brut, d’exciper ainsi d’une attitude exemplaire, qui serait en réalité totalement trompeuse.

Un intermédiaire ne peut pas se contenter de livrer de la transparence à son interlocuteur investisseur. Il n’aurait pas de valeur ajoutée, mais plutôt une «valeur destructrice » puisqu’il ne faciliterait pas la juste compréhension des faits.

En réalité, les investisseurs demandent aux intermédiaires de faire preuve de clarté et d’honnêteté pour que soient portés à leur connaissance, de façon organisée, les seuls faits nécessaires à une bonne compréhension et donc à une utilisation adéquate de la technique.

Il ne faut donc pas faire de la transparence une vertu cardinale; la clarté et l’honnêteté du propos sont les vraies vertus, les plus réclamées en ces temps troubles, opaques et complexes. Et s’adonner à ces vertus est une activité compliquée et exigeante dont l’apprentissage ne s’effectue que durant de longues années d’instruction et de pratique, en reconnaissant que la perfection est inatteignable.

Il est vrai que le terme « transparence » est sans doute plus neutre, sans agressivité et, somme toute, moins engageant que la clarté et l’honnêteté.

Olivier Johanet – janvier 2016

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