Performance et liquidité, ou la bataille des dieux

 

La performance est sans aucun doute mise par l’investisseur au rang d’un dieu, absolu même. En effet, il s’agit de l’objectif premier de la plupart des investisseurs ; c’est une recherche permanente. La liquidité est, elle aussi, considérée comme un dieu, parfois oublié certes. C’est la garantie de pouvoir désinvestir, à première demande, et bien sûr à bon prix. Ces deux dieux se livrent un combat permanent ; la performance semble souvent gagner, mais la liquidité se venge durement.

La performance est généralement un calcul théorique fondé sur l’écart entre le prix de l’investissement, lui-même connu puisqu’il est dans le passé, et le prix attendu de la vente, inconnu au moment où l’ordre est signé puisqu’il sera définitivement fixé par l’exécution. De surcroît, plus le délai de détention du titre est long, plus les variations de prix peuvent être importantes. La performance est donc une anticipation, au mieux un espoir, reposant sur des conditions de marché courantes. Or celles-ci peuvent se dégrader, et profondément ; la crise sanitaire actuelle montre à l’évidence qu’un tel phénomène n’est pas théorique.

Rappelons que le prix du marché est toujours formé par la rencontre des acheteurs et des vendeurs. Une dégradation du marché implique donc qu’il y a, en général et en particulier, plus de vendeurs que d’acheteurs. Les nombreux vendeurs désireux de sortir de leur investissement sont donc prêts à accepter un prix de plus en plus bas. En général, on connait ce type de mouvement. Mais, en particulier, on oublie bien volontiers que ce mouvement est amplifié lorsqu’un titre est peu liquide. Les acheteurs sont alors quasiment absents, et les vendeurs d’autant plus nombreux que le cours du titre, précédemment très entouré par les acheteurs, avait de ce fait beaucoup monté dans la période d’euphorie. Il n’est pas rare de se trouver alors dans une situation de « sauve qui peut ».

En conclusion, l’investisseur doit livrer en permanence au cœur de sa réflexion un combat entre le désir de la performance et l’obligation de la liquidité. Il peut parfois espérer s’échapper avant la baisse. Mais cette idée est fallacieuse, voire trompeuse ; elle tient en fait, compte tenu de la nature humaine, de la présomption plus que de l’espoir.

 

Investisseur, mon ami, garde en tête le danger de la performance et mesure TA nécessité de la liquidité. Ne succombe ni à l’un, ni à l’autre ; il te faut naviguer entre ces 2 écueils que tu dois surveiller en permanence.

 

Olivier Johanet, Président de La Financière Responsable